Il s'agit de trophées offerts à la France du Front Populaire et brisés par Vichy.
De grandes statues de l'époque soviétique oubliées depuis plus d'un demi-siècle dans une glacière du parc d'un château de Baillet en France (Val-d'Oise) ont été exhumées.
Têtes, membres, troncs, médaillons: un amoncellement de grandes statues brisées de 2 ou 3 mètres de haut gît dans la profonde glacière du parc du château, aujourd'hui disparu.
Au fond de cette grande cavité ovale, quelques archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), en gilet rouge, remontent les pièces brisées à la surface à l'aide d'un treuil électrique.
Ces statues de Joseph Tchaïkov ornaient le pavillon soviétique de l'exposition des arts et techniques de la vie moderne à Paris, en 1937. Offertes par l'URSS à la CGT, elles ont été placées pendant le Front Populaire dans le parc du château, qui accueillait un centre de vacances du syndicat. Saisi en 1939, le parc est devenu un centre des jeunesses pétainistes et les sculptures ont été brisées, puis reléguées et oubliées dans la glacière.
La première pièce mise au jour devant les journalistes est un médaillon représentant une République soviétique. "C'est le Tadjikistan", indique l'archéologue François Gentili, qui a découvert par hasard en 2004 les statues, alors qu'il faisait des recherches sur l'habitat seigneurial à Baillet.
"Sur le médaillon on voit le mont du Panir, une centrale électrique, des fleurs de coton, un bonhomme sur son tracteur, qui représentent le Tadjikistan", décrypte-t-il. On lit aussi "CSS Toçikiston" et, indique une journaliste d'une télévision russe venue couvrir l'événement, le slogan "prolétaires de tous les pays, unissez-vous", écrit en cyrillique et en latin.
Situé face au pavillon nazi d'Albert Speer, l'immense bâtiment de 160 m de long du pavillon soviétique portait les allégories sculptées en béton armé des onze républiques soviétiques de l'époque.